Jacques Wesoly-Wattier
A r t i s t e - P a s t e l l i s t e
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Un rêve en noir et blanc
 
(Le Magazine Nord Pas-de-Calais, 19 avril 1996, n°37)
 
"Jacques Wesoly-Wattier un pastelliste avant-gardiste".
 
A l'aube de ses cinquante ans, rien ne prédisposait Jacques Wesoly-Wattier à une carrière artistique. Un concours de circonstances, des moments difficiles et tandis que certains choisissent les mots pour panser leur blessure, Jacques a choisi le pastel. Cependant, ce n'est pas un univers tout en couleurs qu'il a décidé de nous faire partager mais un monde rempli d'ombres et de lumières.
 
Wattier, c'est son nom, Wesoly, celui de sa femme. Il est né à La Bouverie, près de Mons et à deux pas de la maison où vécut Van Gogh. Jacques est confronté très tôt au monde du travail. Carrossier d'origine, il abandonne ses pistolets pour prendre le crayon après quelques ennuis de santé.

Autodidacte et encouragé par son voisin Magloire Putman, il découvre le pastel : "Quand Magloire m'a apporté ce petit bout de craie, je me demandais ce que j'allais pouvoir en faire. Je l'ai laissé tomber et il s'est transformé en poussière. J'ai commencé à jouer du coton tige et ça a été le déclic." Ce fut comme une révélation, une grâce divine à l'image de ce halo presque irréel qui enveloppe ses oeuvres.

Cependant, tout n'a pas toujours été simple. Il a surmonté les moments de doute et de découragement avec, pour seul remède, une feuille blanche, un pastel noir sec, une table de cuisine et un coton tige.

L'imaginaire a rendez-vous avec la réalité

N'ayant suivi aucune formation artistique, il se heurte parfois à des problèmes technique. Il suffit d'un faux mouvement et le pastel reste inachevé, oublié au fond de la poubelle. Mais à force de persévérance et de travail, il va mettre au point sa propre technique dont il garde jalousement le secret. Un résultat qui s'apparente au négatif noir et blanc.

Son secret : sa femme Francine. Sa "muse de tous les instants" sans laquelle il ne pourrait poursuivre son oeuvre : "j'ai besoin de la sentir près de moi, de lui demander son avis sur mon travail" même si celle-ci ajoute avec humour : "Il n'en tient pas toujours compte". Jacques Wesoly-Wattier ne dessine pas, il sublime. Il est le maître d'une oeuvre fantastique traversée par un rayon lumineux qui nous rattache au monde réel et nous invite à la mélancolie. Il est un des rares, sinon le seul en Belgique à employer le pastel noir. Aujourd'hui de renommée internationale, reconnu comme l'un des plus illustres pastellistes belge, il expose et rencontre les plus grands de ce monde.

  Il est difficile de rester insensible à l'oeuvre de Wesoly-Wattier. Chaque pastel est un appel, une invitation à plonger dans cet univers à la fois sombre et éclatant où subsiste toujours cette lumière presque céleste, signe de vie et d'espérance. Les données sont inversées, les meubles ont des mains et des attitudes presque humaines. Quant aux femmes idéalisées, rêvées la nuit et croquées le jour, elles ont cette apparence froide des humanoïdes. Les animaux aussi entrent en scène, intrigués par ces objets qui s'animent.

Une oeuvre émouvante

Plus qu'une psychanalyse personnelle, c'est une oeuvre qui envoûte, qui entraîne aussi bien les néophytes que les initiés, dans les méandres les plus intimes du subconscient. Ses angoisses nocturnes prennent une autre dimension à travers ses pastels. Le passé se confond avec le présent et inversement. Jacques Wesoly-Wattier crée son porpre univers. Son travail peut paraître sombre et désespéré, un appel au secours, une lutte permanente contre ce temps qui passe, mais c'est surtout une leçon de vie. Rien n'est jamais tout noir, il reste toujours un petit coin de paradis, un espoir. Plus que des morceaux de vie, ce sont des sentiments, des réflexions que dépeint Jacques. Il va jusqu'au plus profond de lui même pour puiser l'essence même de ses messages. Une sorte d'exorcisme de ses démons passés ou à venir. Des démons qui habitent chacun de nous, chaque personne peut se retrouver un peu dans ses créations, un passé douloureux, une angoisse existentielle, la peur de passer l'autre côté du miroir.

Et puis quelle technique, quelle maîtrise dans cet art où l'artiste joue avec les ombres, les lumières et les clairs obscurs. Les détails semblent dépasser la réalité. On ne sait plus si c'est Jacques qui est maître de son pastel où si ce sont les éléments du croquis qui, à mesure qu'ils prennent vie, influencent l'artiste. De temps en temps, il apporte une touche de couleur, aérienne presque invisible, signe d'une accalmie de ses tourments intérieurs.

Delphine Ostrowski

Jacques Wesoly-Wattier expose actuellement une partie de ses oeuvres et des copies de pastel au Château Dampierre à Anzin (près de Valenciennes) jusqu'au 30 avril 1996, exposition ouverte au public de 15h à 18h. Certains de ses tableaux seront vendues au profit des restaurants du coeur. Pour tout renseignement complémentaire contactez le 27 47 61 61.