Jacques Wesoly-Wattier
A r t i s t e - P a s t e l l i s t e
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Des ténèbres à la lumière
 
(La Dernière Heure, 20 septembre 1994)
 
"Le Parcours d'un artiste borain".
 
"Plus j'évolue et moins de prends confiance. C'est un gage certain de créativité..." remarque Wesoly-Wattier.
 
LA BOUVERIE - Jacques Wesoly-Wattier ou le mythe de l'obscure clarté. Ainsi pourrait-on dire l'homme, sa vie, son oeuvre. Homme de blessure et de déchirure, homme obstiné et homme de foi qui a su trouver au tréfonds des abysses les plus noires le trait de lumière qui sourd à travers ses pastels impitoyables, qui balise le chemin de son existence tortuée.

Son cheminement est celui d'une douleur éclose qui lui a permis de redresser l'échine pour enfin se tenir debout. Un parcours dont le décor pourrait être magistralement campé par l'intrigante et bouleversante force de ses pastels en noir.

Le noir encore, celui de sa terre natale, le Borinage, qui le voit naître à l'hiver '44 dans une famille frappée, comme toutes celles de ce coin-là, du sceau de sa lignée : la silicose. Abandon de son enfance à l'après-guerre, passage par l'enseignement secondaire et voilà déjà le Bouverisois confronté à la réalité du monde du travail. De cette adolescence tourmentée, Wesoly-Wattier va faire naître les prémices de sa création en devenant carrossier. Las, à l'instar des tôles qu'il travaille, sa vie se froisse soudainement sous la maladie. Condamné au grabat par le saturnisme, il trouve la vigueur nécessaire pour arracher son dessein aux abrupts qui le hantent. Un automne à nul autre pareil s'ouvre pour Jacques sur le miracle de l'art quand un soir, quelques traits de crayons négligemment couchés sur une feuille à dessin, lui font traverser le miroir. Une nouvelle vie commence...

  Du Borinage à l'Amérique

Quelque dix années ont passé et Wesoly-Wattier s'affirme aujourd'hui comme la valeur sûre du pastel belge et international. De ses expositions au Grand Sablon à Bruxelles, à l'académie d'art du collège Saint-Jean de Santa Fé au Nouveau-Mexique ou encore au Parlement européen de Strasbourg, Wesoly ne garde que le souvenir d'avoir voulu exister envers et contre tout. Mais pour cet être à l'humilité qui affleure, la table de cuisine sur laquelle il peaufine inlassablement sa technique toute personnelle suffit à supporter le poinds du talent.

Autodidacte en état de grâce, il se sert d'un pastel sombre, d'un peu d'ouate et d'un coton-tige pour crier en silence toute l'agonie d'une vie dépeinte dans ses oeuvres au noir.

Le monde irréel et débridé que crée l'artiste borain nous fait entrer dans une dimension d'onirisme et de violence mêlés qui construisent son oeuvre. Son exposition est accessible jusqu'au 23 septembre, tous les jours, de 14h à 18h, à la maison communale de la Mémoire et de la Création, Grand-Place d'Eugies.

Frédéric Loore